This Is The Way It Is... [PV Nanako]

Messages : 3 Date d'inscription : 14/02/2011

Le doux froid de la nuit noire caressait la joue du vampire. Sa peau restait blanche comme le marbre, la rougeur de l’épiderme que provoquait le piquant du vent avait disparu de sa chair. Dans son comté comme un banal passant, le regard froid, le visage haut, le banc au bord de l’amarrage des gondoles lui servait de trône. Il siégeait au ras du sol loin de l’or et des tapis rouges, les yeux rivés sur les rues immergées. L’eau, elle, reflétait la lune, ronde et d’argent comme une boule de cristal annonçant l’avenir inaccessible, tandis que le mille feux des étoiles se déplaçait à la surface comme les lueurs d’une guirlande.

Que faisait-il là à cette heure ? L’aube allait pointer le bout du nez d’ici une à deux heures et tous le monde était rentré chez soit. Malgré que Stormclouds Valley soit en permanence masquée par une épais voile orageux, il était coutume de profiter de la « journée » pour « s’éclater » et les rues en devenaient désertes.

- Et le calme fut…

Ses mots s’étouffèrent dans le silence ambiant, personne n’écoutait, personne ne regardait, Kira contemplait la beauté de son errance. Comme seul au milieu de l’arène ; qu’est-ce qu’un chien sans son maître ? Il portait désormais l’héritage de son ex-protégée. Il s’est promis d’agir en son nom, tapis dans l’ombre, la loyauté assaisonnée de ses propres idéaux.

« Comment … je suis où là ? » s’interrogeait-elle, en n’ayant presque plus de souvenirs de sa soirée. Il semblait être quatre ou cinq heures, vu le temps qui, malgré le climat de Stormclouds Valley, avait l’air de se dégager. Les habitants pouvaient, elle ne sait comment, faire la différence entre la nuit et le jour. Pour un invité, il n’y avait que de maigres divergences ; il admettait que le temps était beaucoup plus clair, comme une journée bien nuageuse, parfois très pluvieuse, mais il se refusait à comprendre que le trouble atmosphérique n’admettait qu’à ses côtés ; la pluie, l’orage et la brume.

Nanako s’imaginait à quoi pouvait ressembler cet invité, c’était un homme vulgaire qui ne méritait que le fouet, il donnait son avis sans fondements à quiconque pouvait l’entendre. Elle ricanait seule, telle une détraquée, à la simple idée de frapper cet homme impoli envers la ville dans laquelle, la jeune fille se réfugiait depuis maintenant bien des années. Elle était bien allée dans le Royaume de Latsaria, mais, malgré qu’elle soit à son tour grossière, Nanako les trouvait étrangement encadrés, ils semblaient tous aimer une supériorité vivante. Elle comprit vite qu’elle n’y trouverait pas la source philosophique – bien entendu, à sa façon, légèrement siphonné - dont elle a besoin quotidiennement. Elle est tout autant allée à Zubrov Saka, mais le manque de civilisation l’avait rendu méfiante. La demoiselle se laissait donc aller aux plaisirs de la ville la plus sombre de ce monde ; celle des vampires.

Au bout de plusieurs minutes d’intenses pensées diverses et variées, elle se relevait de façon rapide suivit d’étirements, comme si elle pouvait ressentir une douleur musculaire – ce n’était que du cinéma, encore une fois -. On pouvait penser d’elle que par sa naïveté, son idiotie, elle n’avait pas remarqué qu’en ce moment même elle se trouvait dans une gondole, sur une des rues ensevelie d’eau de Cockroach Venice. Le seul bruit des petites vagues provoquées par la barque se dirigeant à la même allure vers un endroit dés lors inconnu, suffisait à lui faire comprendre qu’elle se déplaçait. Mais on pouvait aussi remarquer les hauts bâtiments aussi endormies que leurs habitants qui défilaient de tous les côtés, comme pour impressionner la jeune fille qui était sûrement la seule à leur prêter attention à une heure aussi tardive. Un fracas sourd et violent se fit finalement entendre, la gondole s’était prise plusieurs de ses conjointes. Nanako avait gardé son équilibre et regarda un moment le bref accident, elle ignora alors une présence, il s’agissait d’une force obscure assise sur le banc juste devant l’amarrage. Ils avaient tous deux consciences de la présence de l’autre, mais il y avait tout de même un silence mortuaire. La flamme sur patte fit comme un premier pas en tournant, avec lenteur, son visage vers l’inconnu. Ses yeux rouges brillaient aux intensifs reflets de la lune, mais sa froideur vampirique ne laissait passer aucune émotion. Désormais c'était pour elle à son tour de réagir, alors elle attendait patiemment.

Messages : 3 Date d'inscription : 14/02/2011

Une gondole flottait seule au milieu des tranchées immergées faisant office de rues. D’apparence esseulée, sans équipage, un buste féminin se dressa en fait hors de la barque. L’occupante semblait provenir d’ailleurs, elle paraissait tout à fait à l’ouest. Les impressions du vampire se confirmèrent lorsque l’embarcation vint heurter ses semblables amarrées au quai. Un sourire se serait surement esquissé sur ses lèvres si son esprit avait été façonné pour apprécier la moquerie.

Soudain, le regard de la jeune fille se posa avec une extrême lenteur sur le visage Kira. Ses yeux étaient restés droit à regarder devant, seule sa tête avait tourné, son cou était lui aussi sagement resté dans l’axe de ses épaules. Croisade de regards froids, la lune rayonnait au travers des yeux rougeoyant de la petite vampirette. Car il s’agissait bien là d’une fille de la nuit ; sa peau pâlotte et ses cheveux charbons aux reflets d’encre trahissaient sa nature, ajoutez à cela son iris à la couleur de leur nectar fétiche et il ne faisait désormais plus aucun doute qu’elle était des leurs.

Le « parking » à gondoles, bondés à n’en plus en voir la « rue » ne laissait aucune place à la jeune -d’apparence- suceuse de sang pour accoster. Très distant mais très courtois -éducation de Main Noire oblige- le comte se leva et doucement, les pieds dépassant de moitié du rebord, il tendit la main à la vampirette.

- « Pas de mal ? »

Ses yeux, ses lèvres, tout était glacé, au sens propre comme au figuré, son teint n’était que porcelaine mais sa froideur ne dépeignait rien de mal intentionné. La solitude était troublée et dans l’état actuel des choses, tout était bon pour ne pas condamner sa pensée à la remise en question forcée.

La brise était douce, elle sifflait calmement, comme un beau jeune homme seul dans un champ de blé se remémorant un poème de Victor Hugo. Quelques mèches se laissaient aller au gré du vent, aux mains de ce poète qui caressait le visage de la jeune fille. L'amour, c'est le cri de l'aurore. L'amour c'est l'hymne de la nuit. Alors que devant elle se trouvait un homme de marbre, qui lui tendait sa main par pure politesse, l’autre lui murmurait de continuer sa route comme elle l’a toujours fait ; seule. L’un lui aurait fait ressentir certitude et habitude, l’autre sûrement des sensations nouvelles. Mais l’hésitation trônait sous cette lune. La mi-humaine fixait lourdement cet acte de courtoisie, comme sevrée. Le temps ne lui laissait pas le choix, il fallait agir, sans pour autant se presser. Elle s’accorda quelques secondes de répit pour prendre la bonne décision. Mais qu’est-ce qu’une « bonne décision » ? Celle qu’on prend par peur de ce qui pourrait arriver dans l’avenir, au conditionnel, si ceci ou cela arrivait, si ceci ou cela était pris en compte, si ceci ou cela nous blessait. Est-ce réellement un bon choix de ne pas supporter quelques démesures, est-ce réellement un bon choix qu’est celui de suivre sa route, son destin, sans s’arrêter à quelques beuveries, sottises, surprises, nouveautés que nous offrent les coïncidences de la vie ? Non, ou seulement pour ceux qui croient à leur destin, qui rêvent de suivre un chemin meilleur, qui se disent que si ça doit arriver ça arrivera, qui ne pensent pas à contrôler leur destinée, qui la laisse aux mains de la société. Nanako n’était pas ainsi, c’était après tout une recherchée, une criminelle, différente des citoyens communs. C’était donc comme un devoir qu’elle posa sa main sur celle de l’inconnu. Ironique n’est-ce pas ? Le devoir d’être une personne différente.

Elle frissonna, comme un vampire ne peut le faire. Sa main était encore plus froide que l’idée de Nanako. Ses yeux reflétant une marre aux souvenirs d’un carnage, se levaient doucement pour que son regard tombe dans celui du vampire. Noble il était, loin d’être un mordu semblait-il. Aucun ne démontrait une quelconque émotion, néanmoins l’intensité de leurs échanges, aussi brefs soient-ils, alourdissait l’ambiance.

« Aucun. Mon arrivée vous a-t-elle ennuyé ? » Simple curiosité, ne vous attendez pas à voir cette question suivit d’une excuse sincèrement gênée. L’ancienne véritable humaine l’aurait en effet faite, mais pas celle-ci. Elle avait changée depuis ces années passées. Toutes les personnes qui en faisaient parties d’ailleurs sont soit mortes soit introuvables, sauf deux étaient exceptionnels ; le tigre, son démon de toujours, qu’elle n’avait pas quitté depuis lors et Kira, son … comment expliquer cette relation ? Très peu commune, un brin ambigüe, peut-être même serait-ce un adultère inconscient. Compliquée est sûrement l’adjectif le plus approprié. Tout ce qu’il y avait à savoir c’est qu’il l’avait mordue. Alors que cet homme lui avait toujours dit qu’il ne lui souhaitait aucun mal, aucun démon. Être vampire n’est-il pas une malédiction ?

Un mensonge toujours incompris après plusieurs décennies. La semi-vampirette n’avait pas oublié son « frère » de cœur et maintenant de sang. Son visage souriant était toujours aussi gravé, parfois même elle se surprenait à rêver de ces anciens instants regrettés. Elle le détestait maintenant, de l’avoir chamboulée, de l’avoir manipulée surtout. Mais elle a toujours cette chose en elle, cette chose qui lui appartient, et qui lui appartiendra toujours.

Ce vampire devant ses yeux le lui rappelait, ce qui l’a fit tombée dans une forte densité de souvenirs à ce jour douloureux. Mais il était plus froid, l’air plus terne, son physique était très proche du sien, elle se dit juste que chaque vampire était doté d’une beauté sans pareil. Nanako prit donc à la légère ce physique fort similaire. Il y aurait cependant le risque qu'elle réagisse de façon brute voir impolie avec cet homme lui rappelant celui qu'elle hait.

Elle était maintenant debout, sur le quai, devant lui.

Messages : 3 Date d'inscription : 14/02/2011

Quelle erreur est celle du peuple qui associe le mot nostalgie aux calmes mémoires d’âges mûrs. Quelle erreur est celle de l’encéphale qui pense que le cœur oubliera. Mais surtout quel onde de choc destructive que provoque le brusque plongeon d’un corps dans l’océan de la douleur passée, quelle pénible sensation de fourmillement qui vous flotte sur le corps quand vous vous laissez immerger par les flots des regrets après un plat fracassant. Le regard de la vampirette lui crevait les yeux, ces iris rougeoyants lui marquaient l’esprit au fer rouge.

Mais ça ne pouvait pas être la sienne, ca ne pouvait être elle sans qu’il ne l’ait sentis. L’avait-il tellement dans la peau qu’il s’était habitué à cette sensation, ce frisson qui était propre à chacun de ses pas, où qu’ils posent leur empreinte sur cette misérable planète ? Elle ne semblait pas avoir ne serait-ce qu’éveillé une incertitude en fait, comme tous les vampires elle ne semblait pas grand-chose, pas même être en vie, c’est à une poupée de cire qu’il tenait la main.

« Pas le moins du monde. »

Et pourtant si elle l’avait dérangé, elle l’avait perturbé de tout son être, l’étau de son unique remord se resserrait sur sa misérable carcasse au même titre que ses petits doigts étroits lui transmettait une friction difficilement perceptible qui s’apparentait à un frisson humain. Ca y est, il la sentait à nouveau, quelle agréable douleur qu’était la sienne, il aimait ça qu’elle le torture, il la supplierait à genoux pour qu’elle continue de l’éventrer, juste par sa présence, elle, ce petit bout de femme chétif, frêle, à l’allure si froide et pourtant si concertante.

« Vous vînmes faire voler en éclat l’amer platitude des lieux. » Il la regardait telle une inconnue.

Il inclina un rien la tête sur le côté, la brise emportait leurs cheveux avec elle, sa longue cape noire habillait sa tunique de noblesse, arborant les armoiries de Shizuka Nakamura et d’ailleurs tant mieux, afficher un tel habit aurait sans doute mis la puce à l’oreille de la jeune fille et suscité un raisonnement conduisant inéluctablement à une déduction sans issue ; c’était lui, elle l’aurait fuit. Il ne savait trop comment, mais il ne voulait plus la reperdre, il savait pourtant qu’il devra, un jour ou l’autre, tout lui avouer, tout lui expliquer mais aussi et surtout… s’excuser milles fois –une première pour lui depuis la mort de sa maîtresse-

«Excusez mon indiscrétion, je n'ai jamais pu retenir ma curiosité bouillonnante. Le service de gondole n’est-il pas clos après minuit ? Comment vous êtes vous retrouvée allongée sur les flots en pleine nuit ?» Sa voix était rauque, un brin râpeuse donnant de la lourdeur à ses propos. Il n'y avait rien de joviale ni dans le ton ni dans la forme. C'est comme s'il s'exprimait, animé par la politesse que lui impose son honorable statut. Il ouvrit la main devant elle en acquiesçant brièvement pour l’inviter à marcher avec lui